March 16, 2023
Holà les filles!
Je suis Sara et je rejoins la team du Wellnest pour devenir (je l’espère) votre (meilleure) copine cul.ottée. 🍑
Je vous propose toutes les deux semaines une chronique cul/love qui répondra à vos questions ou réagira à vos témoignages sur le thème de votre choix.
Alors, j’me présente! J’ai toujours été la pote vers qui on se tournait quand il fallait parler cul et love, et j’ai toujours été celle qui posait les questions parfois touchy.
D’ailleurs, on a toujours pu parler sexe chez moi! Alors j’en ai fait mon taf. J’ai créé un média : Nicole (du coup maintenant je m’appelle Sara de Nicole, voté à l’unanimité par mes potes) sur Instagram (@saradenicole) et sur un blog (nicolemagazine.be).
Plus récemment, j’ai lancé le Club Nicole: c’est la première plateforme qui déconstruit le cul et repense le love!
Concrètement, le Club c’est du contenu exclusif (podcasts ou articles), un thème par mois, et une communauté pour échanger et partager.
Maintenant qu’on se connaît (presque parfaitement, n’hésitez pas à me contacter en privé!), c’est theeeee moment !
Rentrons dans le vif du sujet : couple hétéro et féminisme, équation impossible?
Vous avez beauuuuucoup réagi pour ce thème! J'ai donc choisi des témoignages/questions qui en reprennent d'autres. <3
« Je suis hétérosexuelle et profondément féministe, et je me demande si je suis la seule à ne pas savoir m’attacher sincèrement à l’homme en face de moi quand la phase lune de miel passe et que les premières contraintes patriarcales s’installent dans la relation. Mon désir pour lui s’évanouit tout à coup, et je perds, en même temps que ma libido, la légèreté des débuts. Parce que je ne me sens pas respectée en tant que personne. Tout devient politique à partir de la première remarque déplacée, c’est épuisant. Je précise que je considère que ce n’est pas à moi d’éduquer l’homme avec qui je relationne, personne ne m’a appris à m’intéresser aux autres luttes (racisme, homophobie, etc.); c’est une question de respect et de considération des autres selon moi. Personne n’est parfait face à des inégalités qui ne nous concernent pas, mais se taire pour écouter et s’informer de sa propre initiative n’a jamais tué personne. Aussi, c’est ok pour moi d’être seule et libre, mais j’aimerais un jour retrouver et ressentir l’amour comme avant, quand j’ignorais tout ce que je sais et vois avec ce regard féministe aujourd’hui. »
Il y a deux points dans ton témoignage. Le premier c’est la fameuse passion, "petit truc", phase de lune de miel. Je pense qu’on romantisme fort la passion, le coup de foudre, alors que une relation se construit. On peut partir d’un « coup de coeur », d’une passion, d’un élément inexplicable qui arrive parfois mais qui ne suffit clairement pas à construire une relation saine et durable. Le livre Révolution amoureuse de Coral Herrera Gomez est une pépite pour décortiquer ce sujet.
Ensuite, la question du féminisme. Quand on vit un éveil féministe, c’est comme si on mettait une nouvelle paire de lunettes qu’il est impossible d’enlever totalement. Même quand tu les ranges dans l’étui, tu gardes toujours la trace sur ton nez. C’est indélébile. Je te parle ici vraiment à titre perso et comme résultat de beaucoup de réflexions sur ma vie perso liées à mon travail qui est au coeur de mon engagement féministe. Je pense que parfois il faut savoir enlever les lunettes quand ça sonne juste. On ne peut pas être militante/engagée 24/7, rien que pour une question de santé mentale, mais on y revient dans les témoignages suivants.
Pour la question de l’éducation, je te rejoins assez là-dessus, si cela ne sonne pas juste pour toi, ce n’est pas ton « rôle » d’éduquer ton partenaire!
« Les quelques questions qui me viennent sur ce sujet : - Parfois j'ai l'impression d'être "schizo" entre mes convictions féministes et ce que j'accepte en couple. - Comment aborder les thématiques féministes avec son mec, est-ce à nous de l'éduquer si lui ne le fait pas de lui-même ? - Quelles références d'informations à destination des hommes ? Blog, compte insta, podcast, émission, livre... »
Je vais répondre ici par point, et je t’avoue n’avoir que des pistes de réflexion à proposer et non pas des vérités absolues (c’est ça qui rend le sujet si complexe et passionnant!).
Éduquer les hommes: au premier abord je dirai NON. Mais en réalité chacune fait ce qui sonne juste pour elle. Ce qui est sûr c’est que ce n’est pas ton « rôle », et ce n’est pas une charge qui te revient car femme au sein du couple! Si on allège un peu le mot « éduquer », cela peut être des partages, discussions, même peut être s’éduquer ensemble sur de nouveaux sujets.
Un point hyper important, c’est que on a tous·tes du patriarcat ancré… et bien ancré! Je me prends comme exemple, je suis féministe, engagée, je travaille dans ce domaine et pourtant, je suis consciente que certains de mes comportements contiennent du sexisme ordinaire ou que je fonctionne dans des schémas relationnels avec du patriarcat ancré. Je le sais, j’ai analysé et je l’ai verbalisé. Et en fait, c’est archi ok. Ça ne remet pas en question mes engagements et mes valeurs. On est tous·tes constamment dans des dualités, des paradoxes, c’est aussi la complexité de l’humain. Et puis on ne peut pas être parfait·es! On essaie de se battre contre un système, de le changer, mais ce système, nous vivons dedans depuis des années! Le plus important c’est d’être en accord avec soi-même ou de pouvoir verbaliser les choses. Cela rejoint ton impression d’être parfois « schyzo » et je trouve ça plutôt sain! C’est déjà mettre le doigt sur des mécanismes qui ne correspondent plus à ta vision de l’amour, ce qui est un pas en avant! Si on prend le truc dans l’autre sens, ok ça, ça me chiffonne, c’est dû à mon éveil féministe je me rends compte de certaines inégalités, comment je peux faire pour me sentir mieux par rapport à ça?
Au niveau des ressources, il peut déjà lire et suivre Nicole bien sûr hihi, sinon des comptes comme @jouissance.club, @misterose, @sexopsycho, @jemenbatsleclito, @amaltahir, @bennevert, @tubandes, @orgasme_et_moi, @mylubie, @culotcreative, ou des bouquins comme Comment le féminisme va ruiner ta vie (pour mieux la reconstruire ensuite) de Fanny Vedreine, Couple et argent de Titou Lecoq (et ses autres bouquins aussi!).
« Où trouver des mecs qui sont déconstruits afin de vivre une relation équitable? (…) Je me demande où trouver un mec avec qui je peux avoir un enfant mais pas récolter plus de 50% de la charge qui s'y implique et pas devoir faire plus de 50% des sacrifices. Et puis qu'il soit ouvert aux problématiques. Pas méga callé mais au moins ouvert à entendre, comme je le suis pour les problématiques masculines. Un truc qui me fait douter de trouver (et assez rapidement, car j'ai envie d'avancer dans ma vie dans les prochains mois, max années) c'est le nombre de messages de meufs qui sont dans des relations patriarcale. J'entends par là des sacrifices de carrière pro, se retrouver à être dépendante financièrement ou de ne pas pouvoir partir car pas assez d'argent, d’être dans des relations contrôlantes, etc. Et je rejoins le côté schizophrène dans le couple, qui me met souvent mal: mes actes ou ce que j'accepte dans mes couples (pas équilibré ou patriarcale) sont pas en accord avec mes valeurs et pensées féministes ou égalitaires. Et j'en souffre beaucoup, l'impression de me renier, de me faire marcher dessus, d'accepter de me faire couler par le patriarcat. »
Le premier truc qui me vient c’est que ça ne doit pas être une souffrance. Être engagée et éveillée au féminisme, c’est une énorme baffe dans la gueule clairement. On se prend des témoignages, des lectures, des réalités très violentes, on est confrontées à la violence, on voit les choses sous un autre angle, un autre oeil qui est douloureux, révoltant et injuste. À nouveau ici je parle pour moi, chacune le vit à sa façon (c’est un sujet touchy donc j’essaie de parler le plus largement possible). Mais tu ne peux pas faire changer les choses si toi tu ne vas pas bien. Si c’est une souffrance, que ça t’empêche de vivre certaines choses, ça ne sert à rien.
Les combats et engagements, c’est important mais ta santé l’est encore plus. Donc j’ai envie de partir du principe que c’est ok de pouvoir enlever ses lunettes féministes dont je parlais au-dessus, les ranger parfois et s’autoriser à lors d’un dîner de famille ne pas réagir à une remarque sexiste, c’est ok d’accepter un mécanisme patriarcal dans ta relation (si tu es alignée avec ça!). Si ça te fait souffrir, ça peut être intéressant de changer ta façon de voir ton engagement, tes luttes et ton combat.
Pour le « où? », je n’ai malheureusement pas de réponse, d’ailleurs si quelqu’un trouve l’endroit n’hésitez pas à m’en faire part :D.
« Il y a aussi où mettre le curseur de ce que l'on accepte. Car tout n'est pas noir ou blanc horrible ou parfait. C'est, à mon sens un continuum. Mais où mettre son curseur (c'est valable pour toutes les autres sujets forts, où il y a plusieurs visions dessus: racisme, classique, validisme, notion liberté/sécurité, etc) »
Je termine par ce témoignage qui reprend une image que j’utilise beaucoup, celle du curseur! On parle de sujets intenses, les engagements, la politique, les inégalités, la société, c’est fort, et évidemment que dans une utopie on serait tous·tes engagé·es pour toutes le causes du monde et on veut tous et toutes un monde plus beau plus égalitaire,… mais la réalité elle est toute autre pour mille et une raisons! Tu ne peux pas porter toutes les luttes sur tes épaules et tu peux pas être « parfait·e » dans une lutte. Donc tu décides, toi et toi seule, où tu places ton curseur. Ce qui est un non-négociable et les moments où tu ranges tes lunettes.
Merci à toutes pour votre confiance dans vos témoignages!
J’ai hâte des prochaines questions brûlantes,
Plein de love, Sara. 🍑 ❤️
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